Laisse-moi t'aimer
Paroles et musique: Jean Renard
Laisse-moi t'aimer
Toute une nuit
Laisse-moi
Toute une nuit
Faire avec toi
Le plus long, le plus beau voyage
Veux-tu le faire aussi?
Une hirondelle fait mon printemps
Quand je te vois
Mon ciel devient plus grand
Je prends ta main
Alors je sens que j'ai pour toi
L'amour au bout des doigts
La feuille qui grandit a besoin de lumière
Et le poisson meurt sans l'eau de la rivière
Aussi vrai que nos corps sont nés de la poussière
Toi tu es mon soleil et mon eau vive
Laisse-moi t'aimer
Rien qu'une nuit
Laisse moi, rien qu'une nuit
Voir dans tes yeux
Le plus merveilleux paysage
Oh oui si tu le veux
Laisse-moi t'aimer
Laisse-moi t'aimer, toute ma vie
Laisse-moi, laisse-moi t'aimer
Faire avec toi le plus grand de tous les voyages
Laisse-moi, laisse-moi t'aimer, t'aimer.
Origine :Il est le fils de Bronia Rosenberg, originaire de Lodz en Pologne, rescapée d'Auschwitz, et de Fichel Brand, résistant polonais originaire de Bilgoraj, de vingt-et-un ans son aîné. Ses parents se marient à la sortie de la guerre puis essaient d'émigrer en Palestine mandataire, mais seront refoulés par les Britanniques dans un camp d'accueil à Famagouste à Chypre. C'est dans ce camp que naît Mike Brant. La famille Brand parvient finalement à débarquer en Israël à Haïfa fin septembre 1947 et y vit de l'agriculture dans un kibboutz en Galilée. Mike Brant ne parle qu'à l'âge de quatre ans et affirme très tôt à son entourage « Plus tard, je serai vedette… ou clochard ! ». Il rentre à l'âge de onze ans dans la chorale de son école.
Ses débuts :À seize ans et demi, il est choisi pour animer le réveillon de la Saint-Sylvestre dans un grand hôtel d'Haïfa, et, à dix-sept ans, il devient un artiste reconnu dans les grands hôtels israéliens, à la tête de son groupe « Les Chocolate's ». Il interprète pour la clientèle internationale des hits américains de ses chanteurs préférés : Tom Jones, Elvis Presley, Frank Sinatra, Aretha Franklin, les Platters.
Son père décède en 1967 et Mike Brant en est très affecté. Désormais, il commencera chacune de ses prestations par interpréter, en son honneur, la chanson préférée de son père. Peu après, à l'âge de vingt ans, il entre comme chanteur dans la célèbre troupe du grand music-hall d'Israël, Lakat Karmon et pendant deux ans, il fait connaître en Afrique, en Australie et aux États-Unis des airs du folklore israélien. Puis, il est embauché dans un night-club (Le Baccara) à Téhéran en Iran, et est remarqué par Sylvie Vartan et Carlos, qui l'invitent en France, bien qu'il ne parle pas le français et à peine l'anglais.
En France :C’est en 1969 qu’il arrive à Paris, et se produit grâce à Carlos au club Bistingo. Carlos lui fait également rencontrer Jean Renard, l’un des compositeurs de Sylvie Vartan et Johnny Hallyday qui lui écrit aussitôt Laisse-moi t’aimer. Il passera deux mois à travailler la chanson dans les studios, en réécrivant phonétiquement les paroles en hébreu. Grâce à son travail acharné, la chanson devient rapidement un énorme succès et il est invité dans les émissions de télévision qui le font connaître. Il vendra plus d’un million de disques de son premier hit.
Le 28 octobre 1970, il interprète Mais dans la lumière et remporte le Grand Prix RTL international, référence de l’époque. Le 14 février 1971, il est victime d’un accident de la route à Bourg-en-Bresse. Son producteur Jean Renard en profite pour en faire un coup de publicité, en ajoutant bandages et tuyaux sur un Mike hilare. Les photos sont vendues à la presse pour être publiées dès le lendemain. La légende que Mike a subi un traumatisme crânien perdurera longtemps comme une des explications pour ses « suicides ». En novembre 1971, Dalida lui propose de participer à son prochain spectacle à l’Olympia de Paris, qui dure soixante-trois jours. À cette époque, il part en tournée avec Esther Galil, avec qui il noue une grande amitié.
En 1972, il chante Qui saura, reprise de Che sarà (chanson écrite en 1971 par le compositeur italien Jimmy Fontana pour le festival de San Remo en Italie) , qui devient rapidement numéro un des hits et dépasse Claude François en popularité. Puis, c'est au tour de C'est ma prière et, en 1973, viennent trois autres succès : Rien qu’une larme, Tout donné, tout repris et Viens ce soir. Il enchaîne tournée sur tournée et soixante-dix galas pendant l’été. En 1974, d’autres succès voient le jour : C’est comme ça que je t’aime, Serre les poings et bats-toi, On se retrouve par hasard et Qui pourra te dire ?. Il est classé dans les « chanteurs à minettes »[1], comme Patrick Juvet, Christian Delagrange, Dave, Frédéric François.
Une tentative de suicide, un suicide réussi :Épuisé par sa vie trépidante et très affecté psychologiquement par le cambriolage de son appartement, il est envoyé dans une clinique psychiatrique pour se reposer. Diagnostiqué comme dépressif, il fait une première tentative de suicide le 22 novembre 1974, en se jetant du cinquième étage de l'hôtel de La Paix, à Genève. Les journaux de l'époque, en manque de sensationnel, titrent « il est bloqué aux rambardes du troisième étage : il en est quitte pour un nouveau traumatisme crânien et deux fractures des jambes ». À cette époque, il commence à se droguer et à prendre de la cocaïne. Il fera trois overdoses.
On sait aujourd'hui, grâce aux confidences que Mike Brant a faites à Dalida et au témoignage du concierge de l'hôtel de La Paix, Hermann Mitterer, que Mike, excédé et dépressif à cause de son nouveau producteur qui ne lui offrait ni les royalties, ni la carrière internationale pour lesquels il avait signé un contrat le 1er juin 1974, aurait menacé Simon Wajntrob de se jeter par la fenêtre plutôt que de continuer avec lui. Simon Wajntrob aurait ouvert la fenêtre et lui aurait dit « Tu veux sauter ? Et bien, saute ! » Mike aurait repéré un balcon sous-celui de la chambre de Wajntrob, par un mouvement du corps (Mike n'avait pas peur du vide), il aurait sauté sur le balcon juste en aplomb dessous[réf. nécessaire]. Son producteur aurait préféré « maquiller » l'affaire en se disant sous la douche, pour dégager sa responsabilité.
Le vendredi 25 avril 1975, à 11 h 3 du matin, Mike Brant tombe du sixième étage d'un immeuble situé au numéro 6 de la rue Erlanger, à Paris. La chute lui est fatale : Mike Brant avait vingt-huit ans. Plusieurs thèses ont été mises en avant pour expliquer sa mort prématurée. Certains ont parlé d'assassinat, de sa difficulté grandissante à assumer les conséquences de son succès (vie désorganisée, harcèlement des fans), tandis que d'autres ont défendu la version du traumatisme psychologique qui touche les enfants de déportés. Parmi les autres versions qui firent également les gros titres des magazines à sensation : une implication dans un trafic d'œuvres d'art, une obscure histoire d'espionnage avec le Mossad (les services secrets israéliens) en toile de fond, ou bien encore une dispute avec Simon Wajntrob (son dernier producteur qui sera retrouvé mort, quelques années plus tard, dans le bois de Boulogne) qui aurait tourné à la tragédie, mais une autre version serait une chute provoquée par une mauvaise réaction au LSD, violente drogue hallucinogène que Mike Brant aurait consommée. Il faut néanmoins employer le conditionnel tant les raisons expliquant sa disparition demeurent matière à controverse. Aucune autopsie du corps ne sera faite. Comme pour toute vedette morte de façon tragique, une sorte de légende entoure sa mort.
Mike Brant a été enterré dans le cimetière Camp David de Haïfa en Israël le 7 mai 1975. La stèle est revêtue de la seule inscription « Mike Brand », réunissant ainsi son nom de famille et son prénom d'artiste dans sa dernière demeure.